Rugby à l’école

Pourquoi ? Comment ?

Côté École, une seule raison : le Rugby est un sport à fortes valeurs éducatives (solidarité, coopération, sens de l’effort) mais aussi une école de socialisation et de citoyenneté (affrontement sans violence, respect des règles, de l’adversaire, de l’arbitre, possibilité de s’exprimer, quels que soient son physique ou son tempérament, esprit d’équipe fort, lié à la complémentarité des rôles). C’est ce qui a été reconnu officiellement par la signature d’une convention entre le ministère de l’Éducation nationale et la FFR.
Côté Rugby, la pratique scolaire est le seul moyen de faire découvrir l’activité par le plus grand nombre, dans une région où elle ne fait pas partie de la culture sportive. La nationalisation de ce sport passe par l’école. Tous ne viendront pas en club et ce n’est pas l’objectif. Le seul fait qu’ils aient pratiqué l’activité, qu’ils aient découvert des valeurs en prenant du plaisir leur donnera une image positive de ce sport. Certains deviendront peut-être des sympathisants, des spectateurs, voire, plus tard, des parents ou partenaires favorables à ce sport.

La convention conclue entre l’Inspection Académique et le Comité Départemental de Rugby du Bas-Rhin privilégie trois domaines :

  • Aide à l’organisation de cycles : elle peut consister en un apport matériel (ballons, chasubles, plots, …) ou un apport d’intervenant qualifié (inscrit sur la liste d’agrément académique).
  • Aide en formation pour les enseignants ou les intervenants en milieu scolaire.
  • Aide à l’organisation de rencontres.

Outil d’éducation pour les uns, de développement et d’implantation culturelle pour les autres, atout indiscutable pour l’enfant, le Rugby a toute sa place à l’École.

À propos de l’activité

Définition
Le rugby est un sport collectif de combat qui se caractérise par la lutte et les déplacements de deux équipes qui s’attaquent mutuellement en avançant dans un espace délimité et en respectant des règles définies, pour atteindre une cible par l’intermédiaire d’un ballon.

Esprit, règles et principes fondamentaux de l’activité (clic pour zoomer)

Problème fondamental

  • Contradiction commune à tous les jeux collectifs

Agir en tenant compte à la fois du but à atteindre et du but à défendre.

  • Contradiction spécifique au rugby

Avancer en tenant compte à la fois du droit de charge sur le porteur du ballon et du mode d’échange exclusivement vers l’arrière.

L’affrontement corporel est bien le premier problème à résoudre. Il place les joueurs (porteur du ballon et opposant) dans une situation d’épreuve qui fait émerger le problème de la gestion du couple risque/sécurité.

Enjeux de formation

  • L’apport des sports collectifs

Apprendre à agir efficacement au sein d’un collectif lié par un projet commun et confronté à un autre collectif :
 – Coopérer au sein d’un groupe.
 – Elaborer des stratégies.
 – Prendre des décisions.
 – Résoudre au travers de la manipulation du ballon des problèmes moteurs …

  •  L’apport spécifique du rugby

Apprendre à :
 – Agir dans une situation d’épreuve : maîtriser le contact corporel …
 – Se situer et s’orienter dans l’espace : identifier les cibles, les limites, la ligne d’avantage, les adversaires, les partenaires …
 – Gérer sa sécurité et celle des autres : contrôler son agressivité, connaître et respecter les règles …
 – S’entraider, être solidaire : soutenir l’action  des partenaires …

Les  vertus éducatives du rugby résident dans sa spécificité.
La maîtrise des émotions liées à l’affrontement corporel va développer des vertus de courage, de loyauté et de détermination.
Apprendre à circuler avec lucidité dans un milieu « hostile » oblige en effet à une éducation de la perception, de l’intelligence et de la décision.
La faible technicité du jeu (liberté de déplacement et de manipulation du ballon, liberté d’intervention sur le porteur du ballon) autorise la participation et l’expression de tous les enfants (garçons/filles, petits/grands …).
La dimension collective de l’affrontement renforce les rapports d’entraide, de solidarité et de respect entre les joueurs.
Enfin l’expérience montre que la pratique du rugby à l’école constitue souvent un levier de transformation et de régulation de la vie du groupe dans la classe (modification des positions et des statuts de dominants, dominés …).

Mise en œuvre

Le rugby est une pratique scolaire originale. Elle doit être adaptée à la fois aux exigences du système éducatif (acquisition de compétences, polyvalence des apprentissages …), à ses contraintes (conditions matérielles, temps limité …) et aux possibilités des élèves, tout en étant l’écho d’une pratique culturelle dont elle doit respecter l’essentiel (ce qui organise le jeu et donne sens à l’activité de tous les pratiquants).
En conséquence, plusieurs conditions doivent être réunies :

Les conditions matérielles

  • Utiliser un terrain souple engazonné et sécurisé.Chaque espace sera nettement matérialisé par des tracés et des jalons (balises en plastique souple),  orienté et structuré par des cibles situées aux deux extrémités.
    Les espaces de jeu et les cibles pourront être modulés en fonction des objectifs recherchés.
  • S’assurer, avant le début de la séance, que les élèves ont ôté tous les objets susceptibles d’être dangereux (lunettes, montres, chaînes, bracelets, boucles d’oreille …) et possèdent une tenue adaptée à l’activité (pas de crampons).
  • Prévoir des ballons en nombre suffisant et pas trop gonflés.
  • Prévoir aux moins deux jeux de chasubles de couleur différente pour différencier les équipes.
  • Prévoir une trousse de secours pour les petits « bobos ».

Les conditions pédagogiques

L’organisation de la classe
Celle-ci peut varier en fonction des effets recherchés.
 – Au début de l’apprentissage (ou lorsque les conditions météorologiques sont défavorables) on pourra privilégier momentanément une organisation en deux équipes pour favoriser la participation au jeu de tous les élèves.
 – Une organisation progressive en trois équipes aura l’avantage de solliciter :
 – L’implication des élèves dans des tâches d’aide à l’organisation (arbitrer, chronométrer …) et à l’apprentissage (observer …),
 – L’élaboration et l’évolution dans chaque équipe d’un projet collectif d’action.

La mise en activité des élèves
A l’occasion des différentes séances les élèves seront confrontés à un ensemble de situations organisées en cohérence avec les objectifs visés.

  • Des situations de jeu

– Les exercices : ce sont des jeux pour préparer l’enfant à l’activité dans trois grands axes : la lutte individuelle et collective, la course, la manipulation du ballon. On peut les utiliser en début de cycle et pendant les échauffements.

– La situation de référence : c’est une situation de jeu global, adaptée aux ressources des élèves et qui vise à leur faire vivre l’ensemble des problèmes posées par l’activité : défendre son propre camp/attaquer le camp adverse, accepter l’affrontement corporel, conserver le ballon, soutenir les partenaires, s’approprier les règles du jeu …

– Les situations problèmes : ce sont des situations aménagées (au plan de l’espace, des effectifs et des règles) visant à confronter les élèves à un problème prioritaire  à résoudre (accepter le contact, avancer, lutter pour conquérir le ballon …) et les incitant à réorganiser leurs conduites, leurs repères, leurs relations …

  • Des situations de non jeu

Même si l’activité motrice revêt un caractère prioritaire, l’alternance de temps de jeu et de temps de non jeu est nécessaire pour permettre aux élèves d’accéder à la connaissance du résultat de leurs actions, de s’approprier des repères, d’évaluer leurs stratégies et d’en établir de nouvelles. Une observation ciblée, un questionnement guidé et des échanges organisés les aideront à développer cette activité cognitive.
Celle-ci pourra être utilement prolongée lors de séances de travail en classe afin de favoriser un approfondissement des connaissances sur le jeu et des notions (espace, temps, énergie, vitesse, responsabilité, solidarité …), en relation avec les autres disciplines (mathématiques, français, éducation civique …).

  • Une approche par le jeu, le contact, le mouvement et la sécurité

L’approche par le jeu (et non par la technique ou les schémas de l’adulte à reproduire) mobilise les élèves. Elle leur permet de s’engager, de déployer une activité d’adaptation en recherchant eux-mêmes les solutions pour résoudre les problèmes qu’ils rencontrent.
  – Étape 1 : l’intention prioritaire est de libérer les élèves de l’appréhension du contact et de permettre l’appropriation des règles et des principes fondamentaux.
L’utilisation d’un médecine-ball et des terrains étroits, au début de l’apprentissage, favorisera l’affrontement corporel qui est aussi l’obstacle à franchir dans des conditions de sécurité optimales (ralentissement du jeu, des courses : réduction de l’intensité des contacts).
  – Étape 2 : l’intention prioritaire est de favoriser la recherche par les élèves d’une coopération pour atteindre la marque et pour s’opposer à l’adversaire.
On s’appuiera sur un travail de prise d’information relative à la pression exercée par l’adversaire (appréciation du rapport de force). 

 

Les étapes de l’apprentissage

(clic pour zoomer)

  • Sources : Équipe Technique Départementale 67
  • Contacts :

Manu REVERT (CRT Alsace)
manu.revert@wanadoo.fr

Arnauld BOURSAUX (CRT Bas-Rhin)
cd67rugby@gmail.com

Olivier LAFOND (Rugby-Club La Licorne)
olafond@gmail.com

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